Paramounts

Programme/ concours d’idées EUROPAN 10
Lieu/ Elda / Espagne
Mission/ Concours d’idées
Étude/ 2010
Maitrise d’ouvrage/ Comité Europan + Ville d’Elda

Maitrise d’œuvre/ in/Uit architectes
(E. Roinsard)
P. Barlier
C. Chollet
L. Godefroy

Notre focale d’observation: l’adaptation de l’urbanisation aux contraintes géographiques (entendue comme construite et non construite). Les monts, les plateaux, la grille sont des formes d’adaptation du grand territoire. Notre stratégie projectuelle renvoit donc à un territoire plus vaste, comme si le site de Tafalera était une micro-géographie qui porte en lui les composantes du grand territoire.
Cette grille de lecture de la ville et du site présente les formes d’adaptation issues d’une cohabitation géographique entre d’une part points hauts et vallée basse et d’autre part le construit et le  vide. Cette zone d’attention se divise en deux séquences qui font écho aux projets initiés par la municipalité d’Elda. Une séquence paysagère d’abord, axée autour de la vallée du Rio Vinalopo et dont les extrémités sont deux highlights. Une séquence foncière ensuite, qui vient se glisser en creux, englobant les quartiers habités de Tafalera et de Numancia.
D’emblée, le paysage du site est envisagé comme producteur d’un sens et d’une identité positifs en terme d’urbanité, d’image, de programmation à venir. Sa capacité inhérente à « faire lieu » fait du paysage un axe de départ important de notre démarche : chacun des monts, mais également le coteau qu’ils forment (falaise sur la rivière, et plateau sur la ville centre) donnent au site un potentiel d’articulation territoriale géographique. 

Notre projet est une approche cumulative de deux niveaux d’intervention urbaine, que nous nommerons « l’impulsion » et « la réserve ».

Le paysage et sa représentation cartographique sont à comprendre comme un enjeu à la fois morphologique (l’impulsion) et méthodologique (la réserve). Ces deux représentations sont à lire comme deux calques, qui par leur superposition, énoncent le mode de faire la ville que nous envisageons pour ce site d’Elda. Ici, le paysage est à la fois la capacité du site à exister en tant que « potentiel morphologique » (exceptionnalité du paysage de monts et de vallées à révéler par les impulsions) et la représentation d’un monde décisionnel au travail (groupes d’acteurs à l’œuvre dans l’espace de la réserve).

Le projet se traduit par des actes architecturaux volontaristes sur les monts, qui sont, formellement révélateurs de la morphologie du territoire et socialement générateurs d’urbanité. En contrepoint, se dégage un plus vaste territoire aux contours fluctuants et aux enjeux sans cesse réactualisés : la réserve. Nous pensons que la fabrique de la ville se fait dans le temps long et nous proposons une stratégie de production, appuyée sur des croisements réflexifs d’acteurs, valorisant des situations urbaines cumulatives et complexes. Plutôt qu’un plan d’urbanisme dessiné dans ces contours directifs opérationnels, le projet serait la carte d’un paysage à double entrée, une représentation de deux calques superposés que sont d’une part des architectures topographiques et d’autre part un réseau décisionnel en action. La mise en tension de ces deux registres stratégiques passe par une mise en lien, une framework support de ce projet. La compréhension du territoire nous amène à dégager deux séquences urbaines fortes qui permettent d’asseoir les impulsions et la réserve : la séquence paysagère et la séquence foncière. La place de l’existant, des formes bâties, des projets en cours, des programmes, des structures sociales… sont comprises comme un outil positif de transformation de l’existant dans la mesure où l’ensemble des données initiales participent à l’élaboration du projet à venir.

Les monts, 3 architectures phares :
– La piscine naturelle : résonance entre crête, creux & belvédère
– Le contre fort – bâtiment lien : le coteau comme révélation verticale de l’entrée de ville
– Le château – volière & jardin exotique : forme icône & monde intérieur

Les monts comme temps 1, agissent comme des Starters Urbains, permettant d’identifier, d’amorcer un renouvellement, une « régénération ». Le principe de l’impulsion tient dans son pouvoir initiateur, comme un élément enclencheur, réengageant ce territoire dans sa capacité à exister. Les monts comme architectures phares, fonctionnent à travers un triple rayonnement fonctionnel, formel et symbolique :
– Rayonnement fonctionnel, de nouveaux usages créeront de nouvelles pratiques du lieu et vers le lieu.
– Rayonnement formel, chaque mont déclinera des architectures formalisant, révélant la topographie du lieu, encourageant ainsi différents vécus, de multiples sensations d’architectures.
– Rayonnement symbolique, les monts comme symboles de potentiels existants à révéler et comme symboles d’identification du changement, de la reconversion.

« Le mont est vu, permet de voir, se vit sans vue. »

La réserve, 9 groupes décisionnels au travail

A l’inverse du fonctionnement « iconique », « starter urbain » et  « rayonnant » des monts, la réserve n’est pas un espace défini dans une dimension urbaine formalisée mais un « espace cartographique » en train de se faire. La reconversion du site engagée par les monts dans un temps et un espace identifiés, a pour pendant cette stratégie menée sur la réserve. Corollaire dans la méthodologie et dans les domaines convoqués, nous qualifions de « réserve » une stratégie urbaine mouvante dans le temps, l’espace et la concertation, qui se doit d’être à la fois diagnostic, outil de gestion et carte de propositions. La réserve se planifie dans le temps et dans l’espace par un cumul d’éléments diversifiés (échelle, programme, ambiance) qui dans leur mise au travail fabriquent le sens du territoire. Cette planification n’est pas un master plan mais une méthodologie de départ proposée à 9 groupes de travail identifiés qui fabriqueront chacun par leur expertise un cahier des charges. Les 9 groupes de travail sont constitués d’experts réunis pour leur compétence spécifique, (qu’elle soit scientifique, technique, mais aussi de l’ordre du sensible, du vécu) également pour leur capacité à recomposer leur savoir dans l’échange du groupe. Chaque citoyen peut être un « expert » dans la mesure où il prend un rôle actif dans ces comités.